Le territoire de Watsa, jadis perçu comme un pôle minier porteur d’espoir, vit aujourd’hui au rythme inquiétant des attaques à main armée, des cambriolages nocturnes et des agressions à répétition. De Mari-Minza à Durba, en passant par Moku, Wanga, Goria ou encore Ngangazo, le spectre de l’insécurité semble désormais s’installer durablement.
Tout commence dans la nuit du 21 février à Camp Djigba et Tambiza, à 20 kilomètres de Moku. Une attaque d’une rare violence y est enregistrée. Des hommes armés, en feu et en armes blanches, emportent près de 29 millions 500 mille francs congolais, 37 grammes d’or et blessent huit personnes. Une semaine à peine après, le même mode opératoire est signalé à Giro, toujours dans la chefferie Mari-Minza.
Le 2 mars, c’est au tour du centre négoce Wanga, dans le secteur Gombari, de faire face à un cambriolage nocturne. Deux comptoirs d’achat d’or sont pillés, une personne blessée. À Goria, localité voisine, le même scénario se répète : 80 grammes d’or, une vingtaine de téléphones emportés, deux personnes blessées.
Le mois de mars sera marqué par une série noire. À Auzi, site minier de Bugutali, six bandits emportent or, argent et biens de valeur, blessant plusieurs personnes. Quelques jours plus tard, à Ngangazo et Sesemako, neuf commerces sont attaqués, dont cinq comptoirs d’achat d’or. Deux opérateurs économiques sont gravement blessés. Les manifestants en colère iront jusqu’à tenter de prendre d’assaut le commissariat de police, dénonçant la passivité des forces de l’ordre.
La société civile sonne l’alarme : près de 195 millions de francs congolais ont été dérobés en un seul mois dans toute la chefferie Mari-Minza. Une réponse citoyenne s’organise : deux journées « ville morte » sont observées à Moku, comme cri de détresse face à l’escalade de la violence.
Mais le cycle infernal continue. Le 12 mai à Ngangazo, deux personnes à moto sont attaquées en plein jour, une grièvement blessée. Le 16 mai à Renzi, sept blessés lors d’une attaque menée en toute tranquillité. À Malemba et Kokiza, les mêmes bandits poursuivent leurs assauts, sans être inquiétés.
Le 22 mai à Durba, le drame atteint son paroxysme. Un opérateur économique est froidement abattu dans son commerce en plein centre-ville. Son magasin, situé à quelques mètres seulement du sous- commissariat de Mongali, est vidé, une importante somme d’argent dont le montant n’a pas été évalué jusque-là a été pillée. La population descend dans la rue. Les rues sont barricadées, les écoles, banques, stations et commerces fermés. L’émotion est à son comble.
Au cœur de cette crise, la population crie son désespoir, appelle à l’action, exige des comptes. Les voix s’élèvent, certaines pour la plainte, d’autres pour la paix. La société civile multiplie les appels à la dénonciation des suspects, mais aussi à un dialogue franc et responsable.
Un territoire minier ne peut prospérer dans la peur et l’insécurité. Les efforts de sécurisation doivent aller au-delà des promesses. Il faut des actions concrètes, urgentes et visibles.
Watsa mérite la paix. Les orpailleurs, commerçants, cultivateurs et simples habitants de Mari-Minza, Durba, Moku, Goria ou Renzi ont droit à la sécurité, à la justice et à la dignité. Ne pas agir, c’est trahir leur espoir.
Amisi Walum