Tchabi :la traque des ADF prendra une nouvelle dimension avec l’arrivée de forces supplémentaires de la MONUSCO( Khassim Diagne)

C’est l’une des réponses de la MONUSCO à la violence des groupes armés dans la région de Tchabi et Boga à environ 120km de Bunia dans le territoire d’Irumu en Ituri. Khassim Diagne, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU en RDC chargé des opérations et de Protection à la MONUSCO l’a dit ce jeudi 17 juin 2021 au terme d’une visite de 24 heures dans cette province où les groupes armés locaux (Codeco, Fpic, Maï-Maï…) et étrangers (ADF et FDLR) endeuillent presque quotidiennement les populations civiles. Depuis le 12 juin dernier par exemple, de violents combats opposent l’armée aux rebelles de la Codeco à Fataki-centre à 85 km de Bunia dans le territoire de Djugu. Avec comme conséquences un déplacement massif des populations dont certaines trouvent refuge dans la base militaire de la MONUSCO à Djaiba. Dans la nuit du 30 au 31 mai dernier, une cinquantaine de civils ont été massacrés par des assaillants identifiés aux ADF à Boga et Tchabi. Le Chef de l’Etat a décrété le 6 mai dernier l’état de siège pour mettre fin à cette violence aveugle, qui ciblait jusqu’ici principalement les populations civiles et leurs biens, mais depuis peu, les infrastructures de base telles que les hôpitaux et écoles.

Renforcement imminent de la Brigade d’intervention

Khassim Diagne qui est venu en Ituri pour une « visite de compassion et de solidarité envers les autorités et les populations victimes de cette barbarie », a bouclé sa visite en Ituri par Tchabi où il s’est rendu en compagnie du nouveau Commandant des Forces de la MONUSCO, le General Marcos Da Costa. En plus des patrouilles quotidiennes qu’effectuent les casques bleus de la Mission en appui aux FARDC, en plus des renseignements partagés avec l’armée et l’appui logistique multiforme apporté aux FARDC, Khassim Diagne annonce le renforcement des effectifs des soldats de la Paix à Tchabi pour aider les forces de l’ordre à mieux lutter contre les groupes armés dans la région.

« Nous allons établir un plan opérationnel pour accompagner les FARDC à se défaire de l’ennemi ADF. La MONUSCO travaille main dans la main et avec détermination avec les autorités pour aider le Congo à sortir de ses problèmes. La MONUSCO et l’armée congolaise font face à un ennemi mobile, qui bouge, un ennemi invisible ; ce sera une bataille à long terme. Je puis vous assurer de la détermination de la MONUSCO pour accompagner le Congo à pouvoir défaire l’ennemi. Comme vous le savez, il y a déjà un plan de déploiement de la Force de la Brigade d’Intervention, les Népalais vont arriver, les Sud-africains vont arriver, les Kenyans aussi, les Tanzaniens sont déjà là… Avec tout cet accompagnement militaire, sans oublier l’accompagnement civil évidemment, je pense que nous allons venir à bout de cet ennemi.

« S’il n’y avait pas de MONUSCO ici, nous ne savons pas où nous serions… »

Selon la division publique de la MONUSCO, une annonce plutôt bien reçue par les principaux bénéficiaires, notamment la population civile et les déplacés qui affirment que des hommes armés identifiés aux rebelles des ADF menacent toujours la stabilité de la région. Sebatuare Abanze, le président du site des déplacés de Busio à 12 Km de Tchabi qui héberge 900 familles revient ici sur le travail des casques bleus de la MONUSCO qui les protège contre ces rebelles :

« Si la MONUSCO n’avait pas été ici, nous ne savons pas où nous serions. La MONUSCO fait des patrouilles, ils arrivent, ils essaient vraiment et lorsqu’ils arrivent, les rebelles fuient. La MONUSCO nous assiste beaucoup. Par exemple, la nuit, lorsqu’il y a un problème dans notre milieu, la MONUSCO arrive, dialogue avec nous, quoiqu’ils soient basés à 15 km de nous, chaque fois qu’il y a un problème avec nous, ils arrivent toujours et nous assistent. Un autre exemple, avant-hier, lorsqu’ils ont vu à partir de leurs drones, des rebelles circuler aux alentours de notre milieu, nous avons vu la MONUSCO arriver, pour donner ces informations et demander aux militaires des FARDC d’être vigilants. S’il n’y avait pas de MONUSCO ici, en tout cas, on serait en danger ici. La MONUSCO nous accompagne même aux endroits des enterrements des gens tués par ces rebelles. Nous demandons au Président de la République que la MONUSCO continue dans cet angle, car n’eût été la MONUSCO, on serait en danger ici ».

Non à la désinformation

Interrogé sur les derniers massacres de civils à Boga et Tchabi la nuit du 30 au 31 mai 2021 et les accusations de certains qui affirmaient que la MONUSCO n’avait rien fait, Khassim Diagne a dit avoir reçu plutôt un feedback différent auprès des populations locales :

« En tout cas, ce n’est pas le feedback que j’ai reçu des communautés. J’ai discuté avec la société civile, ils nous sont très reconnaissants. Evidemment, on ne peut pas être partout, on ne peut pas avoir une réponse parfaite à chaque situation, il y aura toujours quelques malentendus, quelques ratés. Mais dans un point de vue général, la MONUSCO a été aux cotés de l’armée congolaise. Evidemment, il y a eu des morts, ce sont des choses que nous regrettons, et nous exprimons notre solidarité, nos condoléances aux familles, mais nous faisons le maximum pour protéger les civils aux côtés des forces armées congolaises ».

Aux communautés de s’impliquer activement aussi pour résoudre les problèmes

Enfin, comme il l’avait dit lors de son étape de Bunia, Khassim Diagne insiste sur la réponse multidimensionnelle au problème de l’insécurité. L’option militaire est certes nécessaire mais pas suffisante, les communautés doivent jouer leur partition en apprenant à régler les différends qui les divisent :

« Le problème fondamental de la protection des civils, ce n’est pas seulement la réponse militaire ; c’est pourquoi d’ailleurs je suis ici avec mes équipes de la protection civile, des affaires sociales… Avec les communautés, la société civile, le message que j’ai fait passer à Bunia lorsque j’ai rencontré ces communautés, c’est qu’il faut aussi qu’ils se saisissent du problème. J’ai entendu la société civile me dire : ce sont tous nos frères et sœurs, alors, si ce sont des frères et des sœurs, retrouvez-vous autour d’une table, réglez les problèmes, répertoriez les problèmes qui vous divisent pour les résoudre, mais si vous étalez les problèmes qui vous divisent…, ça ne marchera pas. Nous demandons aussi aux communautés de coopérer avec les autorités congolaises, un état de siège a été décrété par le Chef de l’Etat, preuve qu’il y a une volonté d’en finir avec cette violence. La communauté doit coopérer avec les forces de sécurité et dénoncer ceux qui veulent diviser la communauté ».

Rédaction

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