Il y a une semaine, le Haut-Uele a reçu la visite d’un homme dont le titre évoque bien plus qu’un portefeuille ministériel. Le ministre d’État en charge du Développement rural de la République démocratique du Congo était en mission dans notre province, non pas pour une simple cérémonie, mais pour poser un acte attendu depuis trop longtemps : le lancement des travaux de réhabilitation de deux axes routiers agricoles stratégiques.
Il s’agit, d’une part, de l’axe Mungbere–Mambasa, qui relie le Haut-Uele à l’Ituri et au Nord-Kivu. D’autre part, de l’axe Sesenge–Kitambala–Aba qui ouvre la voie vers Ariwara, une localité économiquement dynamique dans la province de l’Ituri. Ces deux routes ne sont pas de simples tracés sur une carte : ce sont des veines vitales, par lesquelles doivent circuler les produits agricoles, les denrées de première nécessité, les familles, les écoliers, les malades… et la vie tout simplement.
Trop longtemps, le Haut-Uele a été coupé du reste du pays. Trop longtemps, ses villages, ses cultivateurs, ses commerçants, souffrent de l’isolement, du coût exorbitant du transport, du pourrissement des récoltes faute de débouchés. La réhabilitation de ces routes, c’est la promesse d’un avenir plus ouvert, d’un marché plus accessible, d’une économie locale qui pourra enfin respirer.
Mais il ne suffit pas d’annoncer. Les populations du Haut-Uele ont vu passer des convois officiels, des banderoles, des discours, et trop souvent, le silence qui suit le départ des autorités est plus bruyant que leurs paroles. Aujourd’hui, il faut que ces travaux deviennent réalité, et qu’ils aillent à leur terme. Il faut que chaque mètre de terre nivelée, chaque pont reconstruit, chaque tronçon praticable soit le témoignage concret d’un engagement tenu.
Il ne s’agit pas seulement d’infrastructure. Il s’agit du développement humain. Car quand la route passe, l’école devient accessible, le centre de santé est atteignable, le commerce s’anime, la vie communautaire se renforce. Le monde rural n’est pas une périphérie oubliée, c’est le cœur même de notre pays. Et c’est en reliant ce cœur au reste du corps national que la RDC pourra grandir de manière équilibrée.
Nous devons aussi, dans cet élan, penser à la durabilité. Des routes agricoles ne doivent pas être réhabilitées pour se dégrader deux ans plus tard. Il faut des chantiers bien exécutés, des matériaux de qualité, une main-d’œuvre locale impliquée, un suivi rigoureux. Il faut aussi penser à l’entretien, car la route n’est pas une œuvre figée, c’est une infrastructure vivante, qui a besoin de soin et d’attention.
Le ministre d’État au Développement rural a donc lancé un signal. Il a ouvert une voie, au sens propre comme au sens figuré. À présent, c’est à l’administration, aux entreprises en charge des travaux, aux autorités locales, mais aussi à chaque citoyen de veiller à ce que ce projet ne soit pas une promesse de plus, mais un tournant décisif.
Et si nous voulons que ces routes ne soient pas des corridors d’exode, mais des routes d’espoir et de retour, il faut que les efforts soient accompagnés de politiques de soutien à l’agriculture, à l’élevage, à la transformation locale. Il faut que les jeunes voient un avenir ici, dans nos villages, dans nos champs, dans nos forêts, pas seulement à Kinshasa ou à l’étranger.
Le Haut-Uele mérite mieux. Il mérite des routes dignes, des ponts solides, des pistes praticables. Il mérite l’attention et les investissements publics. Cette visite ministérielle, si elle est suivie d’actes concrets et durables, peut être le point de départ d’une reconquête économique et sociale de notre province.
Chers lecteurs, restons vigilants. Suivons ces travaux. Interpellons si nécessaire. Encourageons quand il le faut. Car le développement n’est pas l’affaire d’un seul homme ou d’un ministère. C’est l’affaire de nous tous.
Amisi Walum (éditorialiste)